BHDesrousseaux et Man’ ont pris goût à ce ping pong entre leurs œuvres. Non pas qu’elles soient proches dans leurs formes et couleurs ; non pas que les correspondances entre elles sautent aux yeux, ni même que leurs démarches explorent des territoires contigus ou que leurs langages s’enracinent dans une grammaire plastique commune. Rien de tout cela. Elles apparaissent au contraire très éloignées l’une de l’autre, ou tout au moins radicalement différentes. Alors pourquoi cette envie d’exposition à deux voix ? Au-delà de la génération et des quelques cinq cents kilomètres qui les séparent, c’est d’abord une question d’amitié. Mais c’est surtout que cette amitié est fondée sur les affinités profondes qu’ils se sont découvertes dans leur mode de fonctionnement de plasticiens ; dans une même impérieuse nécessité de traduction du sensible; dans l’engagement sans concession que tous deux mettent dans leur travail ; et dans cette longueur d’ondes sur laquelle ils se retrouvent quand ils échangent sur leur métier d’artistes. Au bout du compte, ils aiment aussi cette distance entre leurs expressions : elle suscite des échanges, féconde leurs conversations et dynamise leurs réflexions. Dans l’espace de la galerie, les corrélations invisibles jouent une manière d’imperceptible basso continuo, tandis que les différences bien marquées s’aiguisent entre elles, rebondissent les unes sur les autres et se répondent. «Sa peinture me réveille», confie BHDesrousseaux. «La sienne me donne envie de me mettre à peindre» avoue Man’. Va-et-vient d’ondes toniques, d’énergies fertiles, d’émulations réciproques.
BHDesrousseaux - Man’ ou la rencontre du laconique et du conteur
Françoise JAUNIN journaliste critique d'art
Vernissage: Vendredi 1er Octobre dès 17h
TLJ 14h-20h
